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Vignettes mémorielles

Finkielkraut pêcheur de perles

4 Février 2024 , Rédigé par Jean-Pierre Maillard Publié dans #Media, #Politique

Finkielkraut pêcheur de perles

On peut se passer de lire Le Pêcheur de perles d’Alain Finkielkraut si l’on a pris l’habitude de suivre son émission Répliques sur France-culture car il est beaucoup plus à l’aise à la radio que dans le genre de florilège en forme de confession que constitue ce livre. On prendra acte de ses angoisses sur la mort, la fin de vie et quelques autres problèmes philosophiques existentiels, mais on saisira surtout l’occasion de répertorier l’essentiel du positionnement actuel de ce représentant incontournable du cénacle culturel médiatico-politique.
     Les discussions sur l’antisémitisme ou le wokisme (féminisme, postcolonialisme, minorités…), les débats sur l’Europe, la démocratie ou les nationalismes s’appuient pour les gens « cultivés » (éventuellement de gauche) sur de grands textes littéraires et sur une éducation à l’Histoire longtemps en mal avec la sociologie. Pour notre génération, qui n’est pas encore celle des sciences-po ou des écoles de commerce, c’est souvent l’apanage de khâgneux (hypo ou hyper, c’est selon) épris d’action, férus d’idéologie, parfois curieux d’art ou d’exotisme.

     Finkielkraut est un représentant de cette élite affectée par la fin des « trente glorieuses », peu à l’aise avec l’évolution technologique, peu sensible à l’écologie, mais inquiète et lucide. C’est pourquoi il peut donner envie de relire certains auteurs (Valéry, Canetti, Levinas, Kundera, Marc Bloch, Thomas Mann, Hanna Harendt, Tocqueville, Virginia Wolf, Soljenitsyne et même De Gaulle), évoqués brièvement, dont les citations sont autant de têtes de chapitres contenant des « perles » à enfiler.

     La métaphore du titre, emprunté à Harendt parlant de Benveniste, me fait plutôt penser à Bizet mais notre essayiste, qui sait (bien) parler poésie ou peinture, et encore mieux politique, ne parle jamais musique, ce qui est dommage. Ses synthèses apparaîtront brillantes ou simplistes selon le niveau de connivence ou de formation du lecteur, mais si sa modestie peut parfois paraître fausse, c’est au fond, comme il l’avoue, qu’on est toujours en représentation.

 

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